Quand j'ai découvert le superbe poème d'Edmond Haraucourt, "Partir, c'est mourir un peu", j'ai trouvé qu'il correspondait parfaitement à ce que l'ont ressent lorsque l'on part vivre à l'étranger quelle que soit la raison.
Tous les expatriés, exilés ou migrants se reconnaîtront dans ces quelques vers, car partir c'est mourir un peu socialement, professionnellement et culturellement.
Mais partir, c'est aussi se réinventer tout le temps.
Rondel de l'adieu
Partir, c'est mourir un peu,
C'est mourir à ce qu'on aime :
On laisse un peu de soi-même
En toute heure et dans tout lieu.
C'est toujours le deuil d'un voeu,
Le dernier vers d'un poème ;
Partir, c'est mourir un peu.
Et l'on part, et c'est un jeu,
Et jusqu'à l'adieu suprême
C'est son âme que l'on sème,
Que l'on sème à chaque adieu ...
Partir, c'est mourir un peu.
Edmond Haraucourt dans Seul, roman en vers, 1890