lundi 21 avril 2014

Interview avec Françoise Cléchet-Groleau, experte en gestion de carrière des expatriées

Françoise Cléchet-Groleau

Une fois par mois, Expat Forever vous propose de rencontrer une femme expatriée, un expat auto-entrepreneur ou parfois les deux en même temps afin de mieux comprendre la vie au quotidien en expatriation. Ces interviews démontrent que l’on peut être un conjoint d’expatrié et se réaliser professionnellement. 

Ce mois-ci, j’ai rencontré Françoise Cléchet-Groleau qui est coach et experte en gestion de carrière des expatriées

Expat Forever: D’où êtes-vous originaire ?
Françoise Cléchet-Groleau : Je suis bretonne, c’est mon point d’ancrage. Nous y retournons tous les étés pour retrouver la famille, les cousins. Mais j’ai aussi vécu 16 ans en Alsace, mes trois garçons, nés à Strasbourg, sont des alsaciens. Disons que j’ai une double culture : bretonne-alsacienne ! 

EF : Où vivez-vous actuellement et depuis combien de temps ? 
FCG : Nous sommes rentrés en France en janvier 2014. Depuis trois mois, nous habitons dans l’ouest parisien, le coin où se retrouvent les expats. Nous nous installons pour de bon : nous déménageons dans notre maison cet été. 

EF : Pouvez-vous retracer brièvement votre parcours d’expatriée ?
FCG : Je suis partie avec ma famille vivre cinq ans à Naples et unan et demi à Rome dans la foulée. J’ai aussi vécu un an en Angleterre pendant mes études, mais l’aventure était vraiment différente : j’étais étudiante. 

EF: Quelle est la raison de votre expatriation ?
FCG : Comme beaucoup de femmes, j’ai suivi mon conjoint qui était muté vers Naples puis au siège de son entreprise à Rome. 

EF: Quelles difficultés avez-vous rencontré au début de votre installation à l’étranger ?
FCG : La solitude et l’ennui. Je ne connaissais personne et je parlais très peu italien. La communauté française est réduite à Naples, il n’y avait pas de café d’accueil, ni d’occasion de se retrouver. De plus, mes enfants allaient en bus à l’école américaine.Il ne m’était donc pas possible de bavarder avec les mamans à la sortie de l’école. Du coup, j’ai mis le paquet sur la maîtrise de l’italien, ce qui m’a permis de devenir copine assez vite avec mes voisines du quartier. Puis l’année suivante, plein de familles françaises sont arrivées sur la base de l’Otan de Naples : j’avais trouvé mon gang de copines pour vadrouiller en ville, visiter et rigoler.

EF : Vous avez créé en 2008 un projet professionnel nomade qui s’appelle Graines d’Expat. Comment et pourquoi avez-vous été amenée à développer un tel projet ?
FCG : Au bout d’un an, je tournais en rond. Comme beaucoup d’expatriées, j’avais envie de recommencer à travailler. En France, j’adorais mon activité auprès des personnes, des managers et des équipes : je les aidais à utiliser leurs potentiels, à réussir des transitions, à «conduire le changement» dans leurs équipes. Mais là, du fin fond de l’Italie de sud, comment faire ? J’y ai réfléchi avec deux coachs, Steve Mitten, expert en marketing et Amanda Alexander de Coachingmum, spécialisée dans le coaching des mamans entrepreneurs. C’est ainsi que j’ai décidé de créer Graines d’Expat, pour aider à distance les femmes qui comme moi ne veulent pas renoncer à leur carrière en expatriation. Une activité que je pouvais faire à Naples et qui me suivrais à chaque déménagement. 

EF : Quels genres de services proposez-vous et à qui s’adressent-ils ? 
FCG : La plupart de mes clientes me contactent parce qu’elles s’ennuient en expatriation. Elles en ont assez d’être femme au foyer ou d’être sous-employées dans un poste trouvé sur place faute de mieux. Elles veulent vivre autre chose, travailler, lancer une activité, utiliser leur potentiel laissé en friche. Certaines souhaitent lancer une activité qui les suive, d’autres veulent choisir un job à leur mesure sur place ou au retour en France. 
Je propose un programme complet d’accompagnement : Expat Compétences. Sur une période de quatre à six mois, ce programme propose en alternance des rendez-vous avec moi par téléphone ou Skype et un travail de réflexion à faire tranquillement à la maison. Nous échangeons aussi beaucoup par mail entre les rendez-vous. Je les encourage à valoriser leurs expériences réussies et leurs talents naturels. Nous balayons toutes les possibilités avant de choisir une ou deux pistes plus prometteuses qui débouchent sur du concret : commencer un job qui leur ressemble.

EF : D’un point de vue personnel mais aussi professionnel, quels avantages trouvez-vous dans la réalisation d’un tel projet ?
FCG : Je n’avais pas envie de renoncer à mon métier, je suis passionnée par ce que je fais. J’ai trouvé une formule qui m’a permis de continuer à accompagner des personnes qui cherchaient leur voie, qui voulaient valoriser leur expérience expatriée, tout en développant leur potentiel. Je travaille de chez moi, c’est pratique. J’ai bougé il y a 18 mois pour Rome, j’ai à nouveau déménagé en banlieue parisienne récemment : mon activité me suit ! Comme, j’ai la liberté d’organiser mon agenda, j’ai bien profité de la vie d’expat : visites, cafés avec les copines, cours de cuisine, etc.  C’était un bon équilibre entre mes aspirations à travailler et ma vie expatriée.

EF : Que conseillerez-vous à d’autres femmes qui s’apprêtent à suivre leur conjoint à l’étranger pour la première fois ?
FCG : Prendre le temps ! Retravailler n’est pas forcément la première priorité ! La vie expatriée peut être rude au début, cela demande beaucoup d’énergie pour s’adapter. C’est à la femme de gérer une vie quotidienne, dont elle ne comprend pas les codes. Il lui faudra probablement de six mois à un an pour faire son trou et s’y sentir bien.  
Dès le début de l’expatriation, je les encourage à sortir de chez elles. Elles ont besoin de refaire rapidement un cercle de soutien, de copines, d’autant plus qu’elles sont loin de chez elles. Je conseille donc d’aller aux cafés d’accueil, de suivre des cours de langues, de traîner à la sortie de l’école... autant d’occasion de voir du monde et de se faire des copines.

EF: Enfin, quels conseils donneriez-vous à d’autres conjoints accompagnateurs souhaitant développer ou poursuivre une activité professionnelle nomade ?
FCG : D’être actives ! Cours de langue, de peinture, visites guidées, bénévolat etc .... Faire quelque chose qui plaît vraiment, c’est ressourçant, cela donne de l’énergie, de la confiance en soi. Cela permet de rencontrer du monde, de se créer un réseau sur place. C’est aussi un vrai tremplin pour le retour à l’activité. Cela met en mouvement et puis certaines y trouvent une source d’inspiration pour imaginer une activité professionnelle.

Merci Françoise et bonne continuation.

Vous pouvez aussi suivre Françoise sur sa page Facebook pro.

Partageons nos expériences pour mieux vivre notre expatriation. 

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