jeudi 18 octobre 2012

Mais où est la maison ?

Where is home?

Dimanche 7 octobre 2012, c’était le marathon de Chicago


Depuis Shanghai, forcément il y a un léger décalage : 13 heures de différence. Cela ne nous empêche pas d’y penser toute la journée.
Au petit déjeuner, 8h00 à Shanghai, 19h00 la veille à Chicago, on se dit que les coureurs vont se coucher. Il faut une bonne nuit de sommeil avant de courir 42 km. En fin de journée à Shanghai, on se dit que cela doit grouiller de monde du côté de Millemium Park, Grant Park et Michigan Avenue. Vers 20h00, une idée un peu saugrenue nous traverse l’esprit. Et si on regardait la course ? Juste pour le fun, juste pour l’ambiance. Pour voir Chicago, pour voir la maison, notre maison. J'allume la télé. J’appuie frénétiquement sur la zapeuse pour faire défiler les chaînes américaines. Rien. F. cherche sur son I-pad le site de la chaîne américaine qui diffuse l’évènement. Et là, devant nous … Chicago … la course … 
Le départ est donné et une masse mouvante s’élance sur le petit écran. Je ne sais alors plus trop où je suis : Chicago ?… Shanghai ? 

Une caméra suit les coureurs de tête tandis qu’une autre s’intéresse au groupe des filles. Les hommes s’approchent de Lincoln Park. Ils redescendent Broadway … je reconnais le croisement Diversey / Clark. Ils vont passer devant la maison dans quelques secondes … et juste à ce moment-là, gros plan sur la météorologiste de service. 

« On s’en fout de la météo ! Montre-nous les coureurs, ils vont passer devant la maison » est-ce moi qui ai parlé ?

Retour sur le groupe des filles. Elles aussi arrivent bientôt devant NOTRE domicile. Je suis de plus en plus excitée. Je saute de joie en pointant du doigt l’écran et en hurlant : « Best Buy ! La maison !!! La maison !!! » Je vois l’immeuble en arrière-plan de la course. Je ne regarde même pas les marathoniennes. A vrai dire, je m’en fous. Tous ce que je vois, ce sont les grandes baies vitrées en arrondie, le petit balcon de la chambre, le ciel bleu et lumineux. J’ai l’impression de rejouer E.T. 

En une fraction de seconde, je réalise que je vis une situation surréaliste. Je suis à Shanghai, dans mon pyjama, dans mon nouvel appartement, et je sautille comme une jeune fille devant un petit écran qui m’a montré deux secondes mon ancien domicile. Je réalise que j’appelle ce que je vois sur un écran « la maison » alors que je suis à la maison. Mais alors, où est ma maison ? 

Dans mon cœur, elle est à Chicago. Physiquement et concrètement, elle est désormais ici à Shanghai, mais le cœur n’y est pas, pas encore, pas tout à fait …

Et vous, si vous êtes expat, où est votre maison ? Difficile à dire ? Partageons nos expériences pour mieux vivre notre expatriation.

Crédit Photo : Free Digital Photos

11 commentaires:

  1. Je pense que vivre aux Etats Unis est une experience tres enrichissante. Je pense qu etre a la maison c'est etre bien chez soi. il faut surement un temps d adaptation surtout lorsque l on a vecu des experiences fabuleuses. je suis bien ou je suis et pour l instant chez moi c est dans le wisconsin, il y a peu de temps que j'ai admis cela.

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    1. Merci fifite pour votre commentaire. Merci de dire "qu'il y a peu de temps" que vous avez admis que chez vous c'est dans le Wisconsin.
      Il faut effectivement du temps pour se sentir chez soi a l'etranger. Je trouve que c'est encore plus dur en vieillissant - bien que je ne sois pas vielle ! Mais avec mon parcours de serial expat (j'en suis quand meme a ma quatrieme), je trouve que c'est de plus en plus dure. Je sais qu'un jour - dans relativement peu de temps - je pourrai dire que Shanghai est ma maison. Mais la, c'est pas encore ca. Ca va venir. J'y travaille tous les jours !!!
      A bientot sur Expat Forever!

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  2. au debut on a l impression d etre en vacances, et peu a peu avec assurance un cercle d'habitudes se cree: faire ses courses, mettre de l'essence, faire une ou deux activites, s inscrire a la bibliotheque, et le meilleur s abonner a un magazine, la c'est une revelation, l installation est faites ...

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    1. Eh oui, c'est exactement cela. Merci Fifite!

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    2. ... mais j'ai oublie de preciser que en fonction du pays, de l'ambiance, des differences culturelles, cela prend plus ou moins de temps. L'etat d'esprit de la personne joue aussi beaucoup et l'adaptation prend alors plus ou moins de temps.

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  3. Véronique,
    Je comprends à 200%.
    Chicago, où je ne suis restée que 11 mois, c'est chez moi.
    Grasse (Alpes Maritimes) où je suis née et où j'ai vécu 30 ans, ce n'est plus vraiment chez moi ...
    Sentiment douloureux de ne pas être au bon endroit, là où ma vie m'attend.
    En attendant, je me dis moi aussi que chez moi, c'est là où vivent les gens que j'aime : mes enfants, mon mari, mes 2 chats !
    Bonne continuation !
    Cécile

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    1. Cecile,
      oui tu as entierement raison. Je dis aussi cela : chez moi, ma maison c'est la ou je me sens bien et ou je suis heureuse avec mon mari et mes deux filles. Mais je sais que mes racines sont en France, a Lyon ou je suis nee. C'est desormais ce que je dis quand on me demande d'ou je suis (meme si a force, je suis de plein d'endroits differents, car j'absorbe un peu des cultures des pays ou j'ai vecu et cela me transforme). Je pense que la reponse sera en revanche plus difficile a formuler pour mes filles. On verra.
      Merci et a bientot sur Expat Forever!

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  4. Véronique,

    En Finlande, c'est chez moi, car j'y vis depuis plus de vingt ans. Mes racines sont près de Paris.

    Bonne continuation

    Nadine N.

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    1. Merci Nadine N.,
      Ma maison, c’est la ou vis ma petite famille. C’est la ou on est bien et heureux ensemble. Mais quand on me demande d’où je viens, je dis que je suis francaise, que je suis lyonnaise. Ce sont mes racines.
      A bientot sur Expat Forever.

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  5. Ah ! Home, sweet home !

    Il faut effectivement un certain temps avant que la nouvelle maison devienne NOTRE maison. Comme tu l'as écrit dans un de tes commentaires, cela dépend de l'état d'esprit de la personne. Je l'ai également constaté.
    J'ai eu des déménagements où je n'avais pas envie de partir et là, c'était bien long avant de m'approprier ma nouvelle maison.
    Par exemple, une fois, alors que cela faisait plusieurs mois que j'habitais dans mon nouveau chez-moi, nous étions partis quelques jours en vacances. Et au retour, je trouvais très particulier de rentrer dans le "mauvais" chez-moi. Il a fini par le devenir mais c'est déjà un ancien "chez-moi".
    Et je sais que parfois, je m'amuse sur Google earth, à regarder toutes mes maisons (j'en suis à ma 13ème, beaucoup en France ;) )

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    1. Bonjour FG, c'est interessant ce que tu me dis. Je ne suis jamais retournee sur le lieu de mes anciennes maisons, sauf la maison de mon enfance, dans la banlieue de Lyon, mais cela fait deja un bail (une dizaine d'annee que j'ai fait ce "pelerinage"). Difficile pour moi de faire le tour de mes 4 dernieres maisons trop dispersees a travers le monde. Je retournerai surement a Colombo a Sri Lanka, un jour, car ma fille cadette y est nee et elle souhaite y retournee. Elle ne se rappelle de rien, c'etait un bebe de quelques mois quand nous sommes partis. Cela l'enerve de ne pas se rappeler, comme si elle avait un besoin de poser des images et des visages sur mes/nos histoires du Sri Lanka ...

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