dimanche 24 février 2013

Interview avec une conjointe d'expat auto-entrepreneur : Davina Vernet, photographe, témoigne


Davina Vernet

Après quelques mois d’interruption pour cause de nouvelle expatriation, je reprends mes interviews de conjoint accompagnateur ayant une carrière nomade. 


En effet, une fois par mois, Expat Forever vous propose de rencontrer une femme expatriée, un expat auto-entrepreneur ou parfois les deux en même temps afin de mieux comprendre la vie au quotidien en expatriation. Ces interviews démontrent que l’on peut être un conjoint d’expatrié et se réaliser professionnellement. 
Ce mois-ci, j’ai rencontré Davina Vernet qui est photographe professionnelle et multi-expat. Tout comme moi, elle vient de s’installer à Shanghai et a repris son activité professionnelle. 


Expat Forever: Bonjour Davina. D’où es-tu originaire ?

Davina Vernet : Je suis originaire de Lille, dans nord de la France, où j'ai vécu pendant 26 ans.

EF : Où vis-tu actuellement et depuis combien de temps ? 

DV : Je vis à Shanghai depuis le mois de septembre 2012.

EF : Est-ce ta première expatriation ? 

DV : Non, ce n'est pas ma première expatriation. J’ai quitté la France en 1998 pour aller vivre 18 mois aux Philippines. J’étais alors enceinte de mon premier enfant. A la suite de ce premier séjour à l’étranger, nous sommes retournés vivre à Paris pendant quatre ans et j’y ai eu mon deuxième enfant. Par la suite, nous avons déménagé aux Etats-Unis, à Indianapolis dans l’Indiana, où nous sommes restés quatre ans, puis direction New York pendant deux ans et demi. Nous sommes alors rentrés en France pendant seulement 10 mois, puis Londres encore 10 mois et finalement nous avons atterri à Shanghai en septembre 2012. 

EF : Tu es photographe. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ton activité ?

DV : Une photo c'est toujours un souvenir unique. Que ce soit un événement particulier ou un instantané pris sur le vif, et pour moi toutes les occasions doivent être utilisées pour perpétrer des souvenirs. Pourquoi ne pas réunir une bande de copains qui viennent d'obtenir le bac et fixer cet instant avant le grand saut dans l’âge adulte ? Ou marquer le coup lors d’un départ, malheureusement le lot annuel des expatriés, en réunissant sur le papier glacé tous ceux qui ont partagé ce séjour à l'étranger ? C’est un cadeau merveilleux, et qui fait vraiment plaisir … Pensez aussi aux visites de copains ou de parents. Quelle émotion d'immortaliser ainsi les petits-enfants avec leurs grands-parents, et des fous rires garantis avec les copains ! 
Dans un portrait, je cherche toujours à capter un regard, une complicité, une osmose parfois... Croyez-moi, c'est inoubliable, et pas seulement pour le résultat, mais aussi pour les moments ainsi partagés. Tantôt drôles, tantôt émouvants, parfois insolites, mon travail c’est de rendre le shooting toujours magique !

EF : A priori, ton métier semble plutôt bien s’adapter à l’expatriation sur le mode récurrent. Néanmoins, quelles difficultés rencontres-tu pour te réadapter professionnellement à chaque nouvelle expatriation ?

DV : J'apprends des tas de choses à chaque expatriation, du coup je suis devenue une experte en "remontage de boîte" !
Les expatriés ont des besoins différents en fonction du pays où ils se trouvent. J’ai remarqué au fil de mes différentes expatriations que plus les personnes habitent loin, plus elles veulent avoir des photos pour envoyer à la famille, aux amis et avoir des souvenirs. 
Ainsi quand je suis dans un pays moins en demande de shootings, j'en profite pour faire des stages et même une école de photo. Ce métier me passionne et j'aime en apprendre plus. 

EF : Et par exemple, dans quels pays as-tu fait des formations complémentaires en photographie ? 

DV : A New York j'ai suivi une formation Photoshop à l'International Center of Photography. A Paris j'ai fait un stage dirigé par Vittorio Bergamaschi qui s’adresse aux photographes souhaitant se perfectionner dans la prise de vue en studio. A Londres, j’ai suivi une formation "Reflexion Business". Il s’agit d’un programme centré autour du consommateur pour apprendre dans la bienveillance et le professionnalisme les bons réflexes pour créer/développer un business pérenne.

EF : Concrètement, quelles solutions ou trucs as-tu mis en place pour adapter ton activité à chaque nouvelle installation à l’étranger ?

DV : Je ne sais jamais combien de temps je vais rester dans un pays, alors je me lance à fond à chaque fois comme si j'allais y rester toute ma vie. 
Les trucs et astuces ??? Le sourire, une carte de visite et ne pas hésiter à dire ce que je fais, car la première question qu'on nous pose à nous « les femmes d’expat », c'est « Que fait ton mari ? Dans quelle boîte travaille-t-il ? » mais jamais "Et toi, tu travailles ?"
Alors je réponds toujours avec "le sourire", mon mari travaille chez … et moi je suis photographe portraitiste installée ici. 

EF : D’après toi, en quoi ton séjour à Shanghai peut te servir à développer ton projet professionnel ?

DV : En Chine, il y a la politique de l'enfant unique. J'ai donc monté un projet sur ce sujet à Shanghai. L’idée est la suivante : un studio de photo qui se déplace dans l'entreprise pour photographier les enfants et leurs parents sur leur lieu de travail. Les enfants passent un moment dans le bureau de papa et/ou maman et comprennent pourquoi papa et/ou maman travaille(nt) autant. Les parents peuvent expliquer leur travail à leur enfant. C'est, encore une fois, un moment unique dans la vie de chacun et un beau souvenir à garder sur son bureau.
Pour les familles d'expatriés, comme je le disais précédemment, plus on est loin de son pays d'origine et plus on a envie d'immortaliser des moments importants de la vie afin de garder un souvenir et de pouvoir les partager avec la famille et les amis. Par conséquent, il y a beaucoup de demandes ici. 
J'ai la chance d'avoir un grand espace chez moi ou j'ai installé mon studio. Il y a des boîtes de déguisements, des jeux pour les enfants, etc .. Tout le monde se sent bien pendant que je fais mon shooting. Je peux travailler de chez moi en toute liberté.

EF : Qu’est-ce que t’apportes l’expatriation d’un point de vue professionnel ?

DV : J'ai de la chance de pouvoir rencontrer des personnes de nationalités différentes et qui ont des besoins différents. J’ai donc appris à me diversifier et à m'adapter aux besoins de chacun. L’expatriation m'a apporté beaucoup d'idées, de techniques différentes, de flexibilité. 

EF : Et d’un point de vue plus personnel ?

DV : C'est une belle opportunité de pouvoir voyager comme nous, mais j'avoue que de se retrouver dans un pays qui n'est pas le sien cela n'est pas toujours facile. En Chine, le choc culturel est énorme. Il faut s'adapter et surtout ne pas abandonner … Changer de pays m'a apporté une grande ouverture d'esprit, des langues supplémentaires, et beaucoup d'amies. J'ai la chance de pouvoir tout remettre en question à chaque déménagement et de faire de ma vie ce que j'ai choisi de faire. 

EF: Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans ta vie d’expatrié et pourquoi ?

DV : Partir à la découverte d'un nouveau monde, d’une nouvelle culture, de nouvelles langues, de belles images ... C'est tellement agréable d'apprendre et de voir des nouvelles choses, j'adore. 

EF : Et que détestes-tu le plus ?

DV : Je déteste les moments de solitude, les sept heures de décalage… C'est souvent au moment où l'on veut appeler ses ami(e)s en France qu'ils dorment, alors j'envoie un mail mais ce n'est pas pareil. 

EF : Quels conseils donnerais-tu à d’autres conjoints accompagnateurs souhaitant développer ou poursuivre leur activité professionnelle nomade ?

DV : Tout d'abord, il faut que la famille soit bien installée et que tout le monde soit heureux pour que l'on ait l'envie de se relancer dans le boulot. Pour cela, il faut prendre son temps et ne pas vouloir tout faire en même temps. Ensuite, profiter des moments seuls pour se poser les bonnes questions : comment vais-je commencer et par ou. Je pense qu'il est nécessaire de discuter avec les autres expats pour connaître les attentes du pays. 
Et surtout, la clef de la réussite de tout auto-entrepreneur nomade, c’est de toujours rester positif dans sa façon de parler. Le monde des expatriés est petit et tout se sait. Je préfère entendre « Tiens, il y a une nouvelle fille qui vient d'arriver, elle est photographe, elle a l'air motivée et son boulot a l'air vraiment sympa" que le contraire. 

EF : Merci Davina pour ton témoignage. 

dimanche 17 février 2013

Etre un conjoint accompagnateur Médecins Sans Frontières : le témoignage de Kristin Louise Ducombe

Couverture de Trailing: A Memoir

J’aime lire des mémoires, et plus particulièrement des mémoires d’expatriés. Lire les tranches de vie des autres m’aide à mieux vivre la mienne, à relativiser des situations parfois complexes et à me dire que je suis finalement loin d’être la seule dans le même cas. 


Trailing: A Memoir de Kristin Louise Duncombe est à la fois poignant, plein de vie mais tellement réaliste. Comme d’habitude, tout commence par une belle histoire d’amour : Kristin, fraîchement diplômée, tombe folle amoureuse d’un docteur argentin travaillant pour Médecins Sans Frontières (MSF). Catapultée du jour au lendemain à Nairobi au Kenya, elle doit faire face à plusieurs chocs culturels : s’adapter à son nouvel environnement, comprendre et accepter la vie en communauté de l’équipe MSF ainsi que la remise en cause de sa propre identité. Les choses auraient pu évoluer positivement si Kristin et son mari n’avaient pas subi une expérience particulièrement traumatisante : une tentative de vol de leur voiture avec agression. Cet évènement très violent propulse la narratrice dans un état d’anxiété aigu qui va pourrir toutes les sphères de sa vie privée et professionnelle. 

Ecrit comme un roman, il est difficile de poser ce livre tant on a envie de savoir ce que la narratrice ressent, fait ou décide dans le chapitre suivant. Elle y décrit avec moult détails les émotions ambivalentes des conjoints accompagnateurs alors que leur propre identité est remise en cause par le mode de vie expatrié. L’expérience vécue par Kristin Louise Duncombe est certes extrême et unique, mais elle demeure néanmoins le lot d’un bon nombre de conjoints accompagnateurs. Et je suis certaine que beaucoup se retrouveront d’une manière ou d’une autre dans ce témoignage bouleversant.

Je recommande vivement la lecture de ce livre à toutes celles et ceux qui préparent un départ dans un pays pauvre ou en voie de développement. 

Et vous, de quels livres témoignant de la vie de conjoint accompagnateur aimeriez-vous que l'on parle sur Expat Forever ? Partageons nos expériences pour mieux vivre notre expatriation. 

dimanche 10 février 2013

De l’importance de dire au revoir …

Quitter Chicago a été difficile. Mais il fallait assurer ce départ pour mieux réussir notre arrivée à Shanghai. Outre les aspects strictement logistiques, j’ai aussi organisé deux soirées, un sleep over, un sleep under et un play date géant. 


En ce qui me concerne, j’ai dit au revoir à mes amies, à mes connaissances mais aussi à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre avaient partagé des petits bouts de ma vie quotidienne à Chicago. 

J’ai donc aussi fait mes adieux à :

  • Marisa, la vendeuse de Panera Bread à qui j’ai acheté presque tous les jours ma baguette pendant quatre ans.
  • L’employé du pressing qui me demandait combien de miles j’avais couru dans la semaine.
  • Arnold, le vendeur de Streetwise, posté devant le Walgreen quelle que soit la météo et qui priait pour moi.
  • La gentille vendeuse de chez Body Shop dont j’ignore le nom.
  • Et puis Hector, le gardien de l’immeuble et son sourire indéfectible. 

Je n’ai partagé avec eux que des moments furtifs, mais des instants qui ont structuré peu à peu mes journées, mes semaines et au final tout mon séjour à Chicago. Grâce à ces interactions quotidiennes ou hebdomadaires, ces personnes ont véritablement fait partie de ma vie. Qu’auraient-ils pensé si j’avais disparu du jour au lendemain sans leur dire au revoir ? Peut-être l’auraient-ils mal pris et mal interprété ? Sans doute se seraient-ils vexés et m’en auraient voulu à jamais. 

Dire au revoir est difficile mais c’est un mal nécessaire pour le confort psychologique de tout expatrié. David Pollock et Ruth Van Reken l’explicitent clairement dans leur livre Third Culture Kids : « Dire au revoir aux gens, aux endroits, aux animaux et aux objets d’une manière appropriée est important si l’on ne veut pas avoir de profonds regrets plus tard. » (p 201, ma traduction). 

Et si j’ai pu dire au revoir à un maximum de personnes, mes filles et moi n'avons malheureusement pas eu la possibilité de faire nos adieux à deux personnes qui avaient eu de l’importance dans leur vie scolaire. J’y ai pensé régulièrement pendant tout l’été, ce raté m’empêchant sans doute de tourner la page plus facilement.

Cette semaine, j’ai appris le décès de l’une de ces deux personnes. Mon cœur est lourd. Alors, je lui écris aujourd’hui ce que j’aurais dû lui dire en juin dernier : 

Thank you Miss Mary Ellen for sharing your passion of drama with our kids. Thank you for being a special person in their life. We will always remember your voice. We will miss you.


dimanche 3 février 2013

Découvertes de Shanghai : Deux endroits pour s’oxygéner en famille


Si vous suivez régulièrement ce blog, vous savez que j’ai pris une seule résolution d’expat cette année : apprivoiser la ville de Shanghai et vous faire partager mes découvertes sur ce blog. 

Voici donc deux trouvailles de « nouveaux » arrivants à Shanghai pour se promener et s’oxygéner en famille.

Le parc du Dong Jiao Hotel près de Long Dong Road à Pudong

Il n’y a pas beaucoup d’indications et il faut un peu insister à l’entrée pour y rentrer. Nous étions en vélo et nous n’avons pas eu trop de mal pour y pénétrer. A l’intérieur, il y a le café FACE au bord d’un lac artificiel où des canards aux becs étranges viennent vous faire la sérénade pour obtenir quelques miettes de pain. 





Le Century Park au cœur de Pudong 

C'est un incontournable pour toutes les familles vivants à Shanghai. L’entrée est payante (10 RMB) pour les adultes et les enfants mesurant plus de 130 cm. Les vélos y sont interdits mais on peut louer des tandems, des triplettes, des vélos-voitures (quatre places), faire du pédalo, faire voler son cerf-volant comme les locaux, courir, faire du roller sur les berges d’un des nombreux étangs, etc… Ce parc est tellement grand que je n’en ai pas encore fait le tour complet ni découvert toutes ses possibilités. Je pense que cela va devenir un de mes endroits préférés pour lire, écrire et dessiner … un peu mon Lincoln Park version chinoise !



Et vous dans quels parcs de Shanghai allez-vous ? Et si vous habitez ailleurs, quelles trouvailles d’expat avez-vous fait pour vous oxygéner en famille ?

Crédits photos : photos de Véronique Martin-Place

vendredi 1 février 2013

Interview sur un blog ami : From side to side



Si vous voulez en savoir encore un peu plus sur Chicago et voir de très belles photos de cette ville, je vous conseille de visiter le blog From Side To Side et de lire l'interview que j'ai accordée à son auteur à propos de Finding Your Feet In Chicago, le 31 janvier.

Enjoy!
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