lundi 31 mai 2010

Club Expat


Une fois par mois, Expat Forever vous propose une critique sur un ouvrage traitant de l'expatriation. Ce mois-ci, il s'agit du livre d'Aniket et Akash Shah, Club Expat. A Teenager’s Guide to Moving Overseas, publié en 2005 aux editions Dogear.

Ce livre a été écrit à quatre mains par deux frères, Aniket et Akash Shah. Américains d’origine indienne, ils ont vécu dans différentes villes des Etats-Unis avant de s’expatrier en Europe et en Asie avec leurs parents alors qu’ils étaient adolescents. Les auteurs savent donc de quoi ils parlent. Sur la base de leurs expériences et de celles de jeunes expatriés qu’ils ont enquêtés, Aniket et Akash Shah dissèquent les différentes étapes d’une expatriation du point de vue des adolescents. Rien ne leur échappe : l’annonce du départ et les réactions diverses au sein d’une même famille, le déménagement, la découverte d’une nouvelle culture et d’un nouvel environnement éducatif et scolaire. A chaque étape, les auteurs donnent des conseils utiles et pertinents aux jeunes lecteurs pour gérer au mieux la situation. Ces derniers apprécieront les aspects pratiques abordés dans ce livre. Par exemple, quels objets gardés avec soi pendant ce mois de transition où l’on est plus chez soi et pas encore totalement chez soi, comment gérer le choc culturel inévitable et comment gérer une impatriation en tant que jeune adulte.
Bien que visant principalement les jeunes expatriés américains, ce livre est bien plus qu’un guide pratique. Il dresse un portrait assez complet de ce que vivent et ressentent les adolescents expatriés. Ce livre peut donc non seulement les aider dans leur vie quotidienne, notamment lors d’une première expatriation, mais surtout leur faire aborder une réflexion sur leur identité de jeune expatrié. Un travail qui sera nécessaire à un moment ou à un autre.

Cette critique a été publiée pour la première fois sur Writer Forever, le 23 mars 2010.
Et vous, avez-vous lu ce livre ? Qu'en avez-vous pensé ? Sa lecture vous a-t-elle aidé ?

jeudi 27 mai 2010

Ma baguette, ce produit si exotique


Ce matin une conversation banale m’a fait prendre conscience de l’aspect exotique de ma baguette au pays du pain de mie enrichi.

Après la boulangerie, je me rends au pressing.
Le serveur : C’est quoi ce pain ?
Moi : une baguette.
Le serveur : Et vous allez manger tout ça toute seule !!!!
Moi : Ben non, j’ai une famille : un mari, des enfants qui vont m’aider … à la manger.
Le serveur : Ah ! Vous allez faire des sandwiches !!!
Moi : Euh ?? Ben non, ça nous sert d’accompagnement pour manger de la viande, du poisson, des légumes, du fromage ….
Le serveur : Moi, j’adore les sandwiches au beurre de cacahuètes. Vous avez déjà essayé avec votre pain ?
Moi : Ben non, pas vraiment.

Je sors du pressing en me disant qu’il y aura toujours un fossé alimentaire et culinaire entre lui et moi. Finalement, je me rends compte que ma baguette est un signe distinctif et qu’elle me rend exotique aux yeux des locaux, car il faut bien l’avouer, je suis la seule dans le quartier à me balader avec une baguette sous le bras à 8 heure du matin.
En y réfléchissant, je me dis que la baguette de l’expat français est un produit exotique en soi et ce pour trois raisons :
- quand on est un expat français dans un pays où l’on ne trouve pas mais alors pas du tout de baguette (ou alors elle n’est vraiment pas bonne), cet aliment typiquement franchouillard devient un produit exotique.
- quand un expat français rentre au pays, il savoure sa baguette comme un fruit exotique ne sachant pas quand il pourra en manger une aussi bonne.
- enfin quand un expat français (comme moi) trouve une bonne petite baguette bien fraîche et craquante sous la dent tous les jours au pays du pain de mie enrichi, c’est le local qui lui rappelle indirectement que son pain est exotique (bon, le prix aussi me le rappelle … mais c’est un autre sujet !).

Pour trouver une baguette à Chicago :

lundi 24 mai 2010

Le choc de l’arrivée


Lors de notre arrivée à Chicago, c’est le niveau sonore des conversations des locaux dans les cafés et restaurants qui nous a le plus marqué. Je me rappelle que ma fille aînée se bouchait les oreilles en disant : « Qu’est-ce qu’ils parlent fort ! ». Il faut dire que lorsqu’on a 5 ans et demi et que l’on vient de faire un voyage intercontinental de plus de 10 heures, on a besoin de calme.
En ce qui me concerne, le choc de l’arrivée je l’ai surtout vécu à Sri Lanka en juillet 2002. Le trajet entre l’aéroport de Bandaranaike et la capitale de Colombo a été une douche froide ! J’en garde un souvenir précis gravé à jamais dans ma mémoire. Souvenirs, souvenirs !

Juillet 2002 :
Depuis le hublot, mon mari et moi observons le paysage. Après l’océan, une multitude de verts intenses se succède. Le voyage a déjà été un dépaysement total : les hôtesses en sari, les saveurs épicés du repas auquel j’ai à peine touché, les conversations incompréhensibles des voyageurs en cingalais ou en tamoul. La piste d’atterrissage est là. Nous descendons de l’avion et la chaleur humide du Sri Lanka s’abat sur nous. Mon mari et moi découvrons le Bandaranaike Airport. Il semble vide. Nous récupérons nos bagages et sortons en espérant que comme convenu quelqu’un est bien venu nous chercher. Une jungle humaine brandie des affichettes bricolées. On essaie de nous toucher. Ca crie de partout. J’ai l’impression d’être dans un film, dans ces scènes de foules et d’aéroport ou tout le monde essaie de vous attraper. Mon mari aperçoit une affichette à son nom, nous sommes sauvés.
Un chauffeur que j’ai à peine le temps de dévisager nous prend nos bagages. Nous montons dans un énorme 4x4 aux vitres teintées. A l’intérieur, la fraîcheur de la climatisation me fait du bien. Il va bien falloir ça car le voyage n’est pas terminé. Il nous faut maintenant atteindre la capitale, Colombo. Le trajet sera chaotique au sens propre du terme. Je regrette déjà les nids de poule des rues d’Oslo. La route n’en est pas vraiment une, plutôt du raccommodage, mais s’il n’y avait que cela. Ce trajet me fait vite comprendre qu’ici sur la route c’est la loi du plus fort (et donc du plus gros). En premier les bus, en second les camions, puis les 4x4 et tout au bout de la chaine les piétons qui n’ont absolument aucun droit ni espace de survie. Ici, les trottoirs n’existent pas. Entre les 4x4 et les piétons, il y a une multitude de moyens de transport : touk-touk, motos qui servent à une famille de cinq (si, si, c’est tout a fait possible), charriots tirés par des vaches locales … Bref, le dépaysement est total. Je n’en demandais pas autant.
Une fois que ma surprise liée aux comportements des automobilistes locaux et à l’état des infrastructures routières du pays ait été dépassée, mes yeux se posent sur ceux qui vont faire mon quotidien pendant trois ans. Il est 6 heures du matin et déjà une multitude d’entre eux se rendent sur leur lieu de travail. Ils vont pied nus. Comment font-ils pour marcher ainsi sur la route déjà brulante ? Les sri lankaises ont des cheveux noirs d’une longueur stupéfiante. Les saris flamboyants des femmes et les sarongs à carreaux lumineux des hommes embellissent les premiers rayons du jour. Des chiens en bande courent le long de la route. Les familles sortent des maisons. Des petites filles portent des uniformes blancs : elles partent sagement à l’école. Un reliquat de l’empire britannique.
Enfin, le chauffeur nous dépose devant notre hôtel. Il me fait un magnifique sourire et me dit « Ayubowan ! » en joignant les mains. Ca y est, j’y suis. Je suis à Sri Lanka, l’ile resplendissante.

Et vous, qu’est-ce qui vous a choqué, surpris ou amusé lorsque vous êtes arrivé pour la première fois dans votre nouveau pays de résidence ? Faites-moi part de vos expériences et anecdotes.

lundi 17 mai 2010

Bilinguisme au quotidien

Un jour comme les autres, à la sortie de l’école, une maman française (donc presque comme les autres) récupère ses enfants qui vont dans une école américaine. Dialogue en français … ou presque.

Fifille #1 : Maman ! Maman !
Maman : Bonjour ma puce, comment s’est passée ta journée d’école ?
Fifille #1 : Super bien !!! On a étudié les animaux de la rainforest et puis on a écrit à nos penpals. Est-ce que je peux jouer un peu sur le playground ?
Maman : Est-ce que tu peux me le refaire 100% en français, s’il te plaît ?
Fifille #1 un peu exaspérée car pressée d’aller jouer : PFFF !!! Comment on dit « rainforest » et « penpal » en français ?
Maman : forêt vierge et correspondant, ma chérie !
Fifille # 2 arrive en courant : Mumy, mumy !!! Can I play on the playground !
Maman, à son tour exaspérée : Aaaargh !!!!! En français, please !!! (oups!)

Deux ans d’expatriation aux US et voilà que mes filles oublient leur français !!! Il faut dire que ce n’est pas facile de maintenir la langue maternelle quand le quotidien est dominé par l’anglais : l’école, les amis, les petites copines du square, la radio, la télé (même si elle ne fait quasiment pas partie de notre vie), les journaux, les livres … Finalement, nous avons ce que nous souhaitions : deux petites filles qui sont capables de s’exprimer aussi bien en français qu’en anglais … Mais l’anglais a tendance à prendre le dessus même si à la maison nous ne parlons que notre langue maternelle.
Il est temps de prendre le taureau par les cornes et de mettre en place un plan de bataille pour la rentrée. Au menu de septembre, nous aurons :
- une provision de DVD et de livres en français, ramenée précieusement de France.
- une inscription à l’Alliance Française de Chicago et à sa merveilleuse bibliothèque.
- des activités extrascolaires en français.
- … et quelques livres sur le bilinguisme.

Pour aller plus loin sur le sujet du bilinguisme, je vous conseille:
- la lecture d'un très bon article faisant le tour de la question sur le site de Femmexpat.

Quelle est votre expérience sur ce sujet ? Comment avez-vous abordé ce problème et quelles solutions avez-vous trouvé ? Partageons nos expériences pour mieux vivre nos expatriations.

mardi 11 mai 2010

Brigid Keenan, Mes valises diplomatiques. Les tribulations d’une épouse d’ambassadeur, Editions Payot, 2008.

Une fois par mois, Expat Forever vous propose une critique sur un ouvrage traitant de l'expatriation. Ce mois-ci, il s'agit du livre hilarant mais tellement réaliste de Brigid Keenan.

Brigid Keenan est une journaliste britannique, mariée à un diplomate de la commission européenne. Dans ce livre plein d’humour et d’anecdotes, elle nous retrace sa vie de « conjointe accompagnatrice » depuis les années 70 jusqu’au début des années 2000. C’est donc plus de trente ans d’expatriation qu’elle passe au crible en faisant remonter à la surface à la fois des moments de bonheur et de satisfaction intense mais aussi de profond doute. Toutes les femmes d’expat au long court se reconnaîtront dans ce témoignage car l’auteur recense à sa manière la problématique de la « conjointe accompagnatrice » : quid de sa carrière professionnelle ? Comment élever sereinement des enfants puis des adolescents dans un tel contexte ? Comment aider des parents âgés et malades alors que l’on vit à des milliers de kilomètres ? Comment gérer au quotidien les différences culturelles ? Etc. … Car si la vie d’expatrié est enrichissante à tout point de vue (financièrement et intellectuellement), elle demeure beaucoup plus complexe que si l’on était resté dans son pays natal.
« Mes valises diplomatiques » sont donc à mettre entre toutes les mains de celles et ceux qui depuis déjà de longues années accompagnent leur conjoint à travers le monde. Que les moins expérimenté(e)s conservent leur esprit critique et gardent en mémoire qu’il s’agit là d’une expérience particulière, celle de Brigid Keenan. Une expatriation dans un pays peut être vécue de manière très différente par deux individus.
La morale de l’histoire est qu’une expatriation réussie en tant que « conjoint accompagnateur » réside dans le fait d’en devenir l’acteur principal et de faire oublier aux autres que l’on est « la femme de ». En d’autre terme, annihiler le terme « accompagnateur ». Mission accomplie pour Brigid !

Cette critique a été publiée pour la première fois sur Writer Forever, le 17 février 2010.
Et vous, avez-vous lu ce livre ? Qu'en avez-vous pensé ? Vous reconnaissez-vous dans ce livre ?

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