lundi 13 décembre 2010

Interview d'expat : rencontre avec Aida Camara-Crowder

Aida Camara-Crowder

Une fois par mois, Expat Forever vous propose désormais de rencontrer une femme expatriée, un expat entrepreneur ou parfois les deux en même temps afin de mieux comprendre et d’appréhender la vie au quotidien en expatriation. 
Ce mois-ci, j’ai rencontré Aida Camara-Crowder, presidente et fondatrice de Next Land Consulting


Expat Forever : D’ou êtes-vous originaire ?
Aida Camara-Crowder : D’origine africaine, élevée en partie par un père Breton, j’ai effectué la majorité de mes études et une partie de ma vie professionnelle en France (Grenoble et Paris).

EF : Est-ce votre première expatriation ?
ACC : Non, j’ai quitté l’Afrique pour terminer mes études secondaires et universitaires en France. J’ai ensuite effectué un programme d’échange universitaire franco-américain en 1999 dans le cadre de mon Masters en Business international.

EF: Où vivez-vous à Chicago ?
ACC : J’habite dans le South Loop. C’est un quartier en pleine expansion et très bien situé sur le bord du lac Michigan puisqu’il se trouve entre 5 et 10 minutes du centre ville, à proximité de 3 musées : le musée d’histoire naturel (Field Museum), le planetarium, et l’aquarium. C’est d’ailleurs le quartier du maire de Chicago, ce qui nous vaut un rapide et efficace déneigement des routes en hiver.

EF : Depuis combien de temps y vivez-vous ?
ACC : Je vis à Chicago depuis bientôt 5 ans.

EF : Pourquoi avez-vous déménagé à Chicago ?
ACC : J’y ai déménagé pour une opportunité de travail et aussi pour retrouver mon fiancé qui depuis est devenu mon mari.

EF : Que faites-vous dans la vie ? 
ACC : Je suis présidente et fondatrice d’une entreprise qui offre des services de coaching professionnel ainsi que des services de consulting pour le secteur de l’éducation supérieure et des institutions internationales.

EF : Pourquoi avez-vous créé une entreprise ? 
ACC : Cela faisait un moment que j’avais en tête de créer un projet professionnel personnel. Déjà en travaillant en France, je m’étais rendue compte, dans mes différentes missions que j’appréciais plus particulièrement ce qui était lié au développement de la personne dans un contexte professionnel. Par exemple, je prenais à cœur et menait efficacement  les entretiens d’évaluation de l’équipe que j’encadrais, j’aimais motiver chacun pour son propre épanouissement professionnel. J’avais en retour des appréciations encourageantes sur l’évaluation du potentiel de chacun. En fonction de cela je définissais leurs tâches en prenant en compte leurs obligations professionnelles. Mon projet d’entreprise est parti de ce constat ; je souhaitais exercer un métier qui se focaliserait sur les gens et les personnes. Lors de mon arrivée aux US, j’ai eu l’opportunité de travailler dans les ressources humaines et la formation, ce qui me convenait parfaitement. 
En 2009, l’entreprise a été en pleine restructuration. C’est à ce moment là que j’ai décidé de franchir le pas et que j’ai fondé ma propre entreprise de coaching.  Cela me permettait en outre de concilier vie familiale et projet professionnel. J’ai alors décidé de  suivre une formation intensive pour obtenir une certification en coaching de carrière. Parallèlement, j’ai obtenu la certification en développement organisationnel pour travailler avec des entreprises et notamment les départements de RH en tant que consultante. 
J’ai donc créé ma compagnie Next Land Consulting pour offrir aux jeunes diplômés, jeunes professionnels, étudiants internationaux et souvent jeunes expatriés, des outils stratégiques de développement de carrières professionnelles locales ou internationales.
NEXT LAND CONSULTING

EF : Selon vous, quels avantages et quels inconvénients voyez-vous à la création d’entreprise dans votre cas ?
ACC : J’y trouve d’abord une satisfaction immédiate. Les progrès réalisés par mes clients sont très gratifiants. Pour chaque problème résolu c’est une avancée positive dans leur objectif de carrière.
En second lieu, j’ai une grande latitude d’action par rapport au choix de mes clients, et suis constamment en plein brainstorming. Je peux utiliser toute ma créativité pour moduler l’entreprise et lui donner la direction que je souhaite. Autrement dit, il n’y a pas de limite ou du moins c’est moi qui la fixe. Je peux donc façonner mon entreprise à mon image, en fonction de mes choix. Cette liberté est à la fois enrichissante et épanouissante. 
En revanche, je dirais que le plus difficile est d’être en mode projet, dans l’action, tout en étant en mode promotion. En effet travaillant seule, il faut à la fois que je m’investisse pleinement  dans mes projets actuels, et que je prospecte d’autres opportunités de développement. C’est un vrai challenge d’assurer les deux en même temps … 
En dépit de cela, c’est une très belle aventure, pleine d’opportunités, de diversité, extrêmement motivante, passionnante permettant d’aller au maximum de mes capacités. Je suis ravie d’avoir fait ce choix. 

EF : Selon vous, est-ce que le fait d’être expatriée a rendu votre démarche de création d’entreprise plus difficile ou plus facile ? 
ACC : Le fait d’être expatriée n’a pas rendu plus difficile, ni plus facile ma démarche de création, cependant je dirais que l’esprit entrepreneur des Etats Unis a été un catalyseur pour me lancer dans la création de mon entreprise.

EF : Est-ce qu’il est facile pour un entrepreneur français expatrié à Chicago comme vous de rencontrer d’autres professionnels dans le même secteur que le vôtre ?
ACC : Oui, il est facile de rencontrer d’autres professionnels dans le secteur du coaching professionnel et surtout d’avoir leur soutien. Je suis également membre de l’ICF (International Coaching Federation) qui fédère le métier de coach, et il existe une structure locale à Chicago qui permet de rencontrer d’autres membres dans le même domaine.

EF : Quelles sont les principales différences culturelles entre le monde du travail en France et aux Etats-Unis ? 
ACC : Les américains sont dans l’action alors que nous, les français, sommes beaucoup plus dans la réflexion avant l’action. 
Prenons l’exemple du recrutement aux US. Ici, c’est très rapide. Par exemple, si vous rencontrez un recruteur le vendredi et qu’il vous dit que vous lui convenez, vous allez commencez le lundi. Cela peut être déconcertant pour un français, car en France, il y a les trois mois de préavis et les trois mois de période d’essai. Ici, les choses se font très rapidement et donc il faut souvent prendre une décision très vite avec un laps de temps allant de quelques jours à une semaine pour réfléchir. Une autre chose à savoir c’est que les américains font systématiquement une vérification du passé professionnel et juridique de leurs employés potentiels, alors que cela n’existe pas forcément chez nous. Il faut le savoir.
Un autre aspect marquant pour moi, c’est une appréhension différente de la notion d’urgence. Par exemple, un jour un de mes anciens managers a commence à me parler d’un projet en me disant qu’il n’y avait pas d’urgence à le traiter. J’ai donc pensé que j’avais le temps et en fait c’était pour la semaine suivante ! Il faut s’assurer qu’on a bien tous les éléments en main pour éviter ce genre de malentendus. 

EF : Qu’est-ce que vous appréciez le plus à Chicago ? Que pensez-vous de la qualité de vie dans cette ville notamment par rapport à d’autres villes américaines ?
ACC : Je trouve que Chicago est très agréable à vivre, c’est un bon compromis entre une grande ville américaine et l’accès aux activités en extérieur (plage, bateau, marche, vélo, etc). Le rythme y est moins stressant qu’à New York ou Paris. Les gens sont ouverts, et c’est également une ville tres diversifiée avec différents quartiers, différentes cultures et spécialités. L’hiver est un peu rude, mais il est bien compensé par un été très agréable avec une myriade de festivals (Blues, Jazz, latin, classique, concerts en plein air, danse en plein air, fête de voiliers, etc…)  et un automne magnifique et très doux.

EF : Que conseillerez-vous à d’autres femmes expatriées qui souhaiteraient créer leur entreprise aux Etats-Unis et à Chicago en particulier ?
ACC : D’emblée croire en son projet, avoir un plan défini, s’entourer de personnes qui croient en votre projet, de se préparer en faisant des recherches et en rencontrant des gens dans le domaine concerné, assurer ses arrières et se lancer ! Ceci est valable à Chicago ou ailleurs.

EF : Merci Aida et bonne continuation à Next Land Consulting !


Partageons nos expériences pour mieux vivre notre expatriation.

1 commentaire:

  1. Merci pour cette interview, je prévois moi aussi de m'expatriation à Chicago (c'est comme ça que j'ai trouvé l'interview d'Aida), son témoignage m'est très utile. Longue vie à votre blog ! Christelle

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